Né à Québec en 1931, Lewis Pagé a mené une carrière riche en réalisations s’étalant sur plus de quatre décennies. Son parcours débute à l’École des beaux-arts de Québec (1957-1961). En 1963, il réalise douze chapiteaux historiés à la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. En 1970, son œuvre « Famille assise » est choisie par le gouvernement du Québec pour l’exposition universelle d’Osaka. Entre la sculpture monumentale, souvent en aluminium, parfois en bois ou en pierre, Pagé s’est intensément investi dans la fonderie d’art. À l’époque des années soixante, les pièces coulées sont relativement méconnues des sculpteurs québécois et très peu s’adonnent à ce type de production.
Pagé a d’abord suivi des cours de fonderie à Elliot Lake en 1967 et de fonderie d’art à Genève en 1974. Il revient de ses voyages d’étude maîtrisant la technique de coulage du bronze à la cire perdue. En 1968, il met en place une première fonderie d’art à Québec dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, puis en 1974 dans le quartier Saint-Roch. Plus tard, il participera au développement d’une fonderie de plus grande envergure à Inverness. Une fois en place les infrastructures nécessaires à la réalisation de pièces coulées, il s’est investi à fond dans la création artistique. C’est ce qu’il fera dans son atelier à Saint-Pierre-de- Broughton, jusqu’à ce que la maladie l’en empêche, peu avant son décès, au mois de février 2007.
Plusieurs œuvres signées Pagé habitent l’espace public québécois. Pensons à sa « Dispute philosophique » sur le terrain du Grand Théâtre de Québec, à sa « Marie Immaculée » qui surplombe le fleuve devant l’église Saint-Michel de Sillery, à « Corps et âme » au rond-point du Mesnil, à « Cantate » à la Place du Campanile, à « La petite liseuse » à la bibliothèque Saint-Jean-Baptiste, à « Exultate » au Domaine Forget à Saint-Irénée, ou à « Air et variation » installée à Saint-Georges de Beauce pour n’en nommer que quelques-unes.
Outre ces réalisations à caractère monumental, Lewis Pagé a créé un grand nombre de pièces en bronze de petit format qui font aujourd’hui partie de plusieurs collections privées. Il a été membre de l’Association des sculpteurs du Québec pendant l’ensemble de sa carrière et y a occupé les fonctions de vice-président de 1971-1972. Il a aussi été administrateur de la Conférence canadienne des arts en 1972-1973 et membre du comité d’acquisition du musée du Québec en 1975 et 1976.
Pendant les quarante-cinq années qu’il consacra à la sculpture, Lewis Pagé vécu pour son art et que de son art, ce qui était particulièrement rare au Québec à cette époque. Faisant œuvre de pionnier et développant des manières et des façons originales de travailler la matière, il voudra constamment inventer et se démarquer. C’est cet acharnement et cette recherche d’authenticité, associés à une riche inspiration artistique et poétique, qui lui vaudront de prendre place parmi les grands sculpteurs du Québec moderne.